LES ANTES
À gauche de la route conduisant au hameau de Chalézac, jouxtant le Fief de Bel-Air, se trouve ce lieu au nom mystérieux, Les Antes. Si on devait prendre ce toponyme au pied de la lettre on se référerait à la huitième édition du dictionnaire de l’Académie française, qui donne la définition suivante : "Pilier ou pilastre quadrangulaire qui, dans la disposition extérieure des temples grecs et romains, termine les murs latéraux du sanctuaire. Il se dit aussi du pilastre placé soit aux encoignures des bâtiments, soit aux extrémités des murs." Mais en ces lieux, on ne trouve nulle trace de bâtiment antique...
Reste la traditionnelle modification de l’orthographe au fil du temps. Georges Musset nous incite à préférer cette solution, puisqu’il écrit dans un article de 1898 consacré à L’abbaye de la Grâce-Dieu, en Aunis (Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis XXVII) : "Les antes constituent une grosse dépense des jardins : vingt-quatre pieds d’antes poiriers coûtent 4 livres 11 sols ; cinquante-cinq antes à fruits tant hautes que basses, 25 livres." Il confond manifestement Antes et Entes. Pour qu’un tel érudit commette une faute aussi grossière, il fallait qu’elle soit fort courante !
Voyons donc ce que le Littré donne comme définition pour Ente : "Terme d’arboriculture. Espèce de greffe qui consiste à insérer un scion dans un autre arbre." Et le dictionnaire de l’Académie française ajoute : "Scion qu’on prend à un arbre pour le greffer sur un autre arbre. Une belle ente. Faire une ente. Faire des entes. Prunes d’ente, Prunes obtenues par la greffe. Se dit aussi de l’Arbre même où l’on a fait une ente. Il y a beaucoup de jeunes entes dans ce jardin." La plupart des toponymes d’une commune aussi rurale que Breuillet étant d’origine terrienne, l’existence d’arbres greffés dans ce lieu-dit est presque certaine.