LES MOURIERS
VARIANTES : LE MOURIER, CHAMP DES MOURIERS, CHEMIN DES MOURIERS
Au singulier sur le cadastre, au pluriel sur le plan-guide de la commune, avec 2 "r" sur l'ancien cadastre... l'orthographe des Mouriers varie. Le chemin qui conduit à ce toponyme et porte son nom part de la Route de La Grange, laissant à sa droite, le Chemin du Champ Joli.
La tradition orale de cette partie de Breuillet nous conte que ce lieu se trouvait sur la route empruntée par les convois d’esclaves africains en provenance du port de Mornac, et que nombre d’entre eux seraient morts ici, dans ce mourier (ou mouroir). On avance même avec une certaine logique que Le Mourier est proche d’un autre lieu-dit oublié par notre cadastre actuel mais bien présent dans toutes les archives et dans la mémoire des anciens, Le Négrier. Le problème est que cette histoire aux couleurs exotiques n’est confirmée par aucun texte, aucun document, aucun vestige... Certes, l'envasemment du port de La Rochelle au début du XVIIIème siècle a transféré une (petite) partie de la traite des esclaves vers les ports de la Seudre. Mornac a pu en recevoir... Mais pourquoi des convois seraient-ils passé par Breuillet ? "Pour rejoindre Port Didier (notre actuel Perditier)", répondent les inconditionnels de cette théorie, oubliant que si Le Perditier a bien été un port (ce qui reste à prouver), c'était quelques siècles plus tôt... Sans preuve tangible et même si nous pensons qu’il y a toujours un fondement à la tradition orale populaire, nous sommes donc bien obligés d’émettre quelques doutes quant à cette origine. D'autant que notre patois nous en propose une — moins originale — mais plus vraisemblable.
Le grand lexique de Xaintonge est formel : un mourier, c’est un roncier, puisque la moure, c’est la mûre. Albert Dauzat va dans le même sens : "du latin morum, baie de la ronce". Raymond Doussinet est d’accord et précise que le Saintongeais, qui a du vocabulaire, distingue "l’éronde des palisses ou moure nègre, de l’éronde des bois ou moure rouge..." Apparemment, les ronces qui envahissaient ce secteur fournissaient des mûres noires. On en trouve même encore... et elles sont particulièrement appréciées en gelée.
Dans La Charente-Maritime, pré-inventaire archéologique, publié par la maison des sciences de l’homme, Louis Maurin nous apprend que "l’archéologie aérienne a permis la découverte de vestiges gallo-romains non loin du lieu-dit Le Mourrier."